Et si l’arrosage des végétaux permettait de limiter, du moins localement, la hausse inexorable des températures urbaines et, plus généralement, l’accroissement d’un phénomène bien connu : les îlots de chaleur, qui rendent les canicules insupportables en milieu urbain ? Pure utopie ou réalité scientifique ? Eléments de réponse.
Le saviez-vous ? En l’état actuel, si rien ne change, les températures moyennes en Europe vont augmenter de 0,6 à 1,3 °C en 2050, et de 2,6 à 5,3 °C à partir de 2070, avec des températures estivales qui descendront rarement en dessous de 25 °C dans les villes (Source : Météo France). Autant dire que les pires scénarios climatiques sont à venir ! Sans compter les risques sur la santé publique. En effet, lorsque les températures nocturnes sont supérieures à 29 °C, ce qui n’est pas rare en période estivale, l’organisme est incapable de se reposer et lutte constamment, causant la mort des personnes les plus fragiles. Inutile de rappeler la canicule de 2003… Que faire alors ? Attendre ? Certainement pas. Multiplier les climatiseurs ? Possible, mais les fluides utilisés émettent des gaz à effet de serre ! Agir ? Oui, et il est encore temps, mais avec des outils que la nature nous offre déjà : des ‘climatiseurs naturels’, autrement dit, des végétaux qui, suffisamment arrosés, permettent de lutter contre les îlots de chaleur en créant leur strict opposé : des îlots de fraîcheur !
Ilots de chaleur : un phénomène qui s’explique
Un îlot de chaleur correspond à la différence de température observée entre la ville et les zones rurales périphériques. Rien qu’à Paris, un écart de 2,5 ° C (10 °C au maximum) est observé entre le centre et sa périphérie. Ce n’est donc plus une hypothèse : nos villes surchauffent ! Excepté, dans une moindre mesure, les villes ‘vertes’, suffisamment arborées… Pourquoi ?
Explications. En journée, la végétation urbaine, que sont les arbres, les pelouses ou bien encore les massifs, capte l’eau et l’énergie solaire pour convertir l’énergie lumineuse en énergie chimique ; c’est la photosynthèse. La plante va également transpirer l’eau puisée dans le sol (issue des précipitations naturelles ou de l’arrosage !) avant d’être évaporée au niveau des stomates, rafraîchissant ainsi l’air ambiant. D‘ailleurs, ne fait-il pas plus frais dans une forêt qu’en ville ?
Par conséquent, plus les végétaux sont abondants, plus l’évapotranspiration est importante et plus l’air se rafraîchit. C’est une vérité scientifique. Mais en ville, la nuit venue, lorsque l’énergie solaire n’est plus disponible, l’évapotranspiration s’arrête et les surfaces imperméables (à faible albédo) restituent l’énergie stockée pendant la journée. C’est pourquoi, l’air présent en ville se refroidit moins vite qu’en périphérie. C’est ce qui explique aussi le fait que l’intensité des îlots de chaleur est plus forte la nuit que le jour.
La fraîcheur vient des arbres
Végétaliser la ville permet donc d’abaisser les températures locales. Des travaux de références ont d’ailleurs prouvé que les écarts de températures entre un parc urbain et ses environs sont de quelques degrés (1 à 7 °C). De quoi recréer des zones de confort en ville ! Mais la fraîcheur doit pour cela venir d’en haut, car l’air frais est plus lourd et ne remonte pas. Les arbres sont donc plus adaptés, à condition qu’ils soient bien irrigués pour augmenter leur potentiel d’évaporation et ainsi rafraîchir l’air.
Par ailleurs, les arbres stockent davantage de carbone atmosphérique, responsable du réchauffement climatique. Il faut savoir qu’un arbre adulte stocke 20 tonnes de CO2 pour produire un m3 de bois et qu’une forêt séquestre 103 tC/ha en moyenne, soit deux fois plus qu’un terrain vague plus ou moins arboré (Boutefeu&Bruyat, 2012). Là encore, cette séquestration n’est possible et optimale que lorsque les arbres ont accès à l’eau, surtout les premières années après la plantation.
Les toitures végétalisées ou bien encore les gazons ont également un rôle à jouer. Par exemple, un gazon bien vert et dense, tondu régulièrement et arrosé (y compris en été !), séquestre entre 1 à 12 tC/ha/an, contre 1 à 3 tC/ha/an pour une pelouse extensive (Wood&Fiocre, 2009).
Aujourd’hui, le doute n’est plus permis. Non seulement les végétaux améliorent le cadre de vie, apportent du bien-être aux habitants comme aux propriétaires de jardins privés, mais ils rafraîchissent l’air et luttent contre le réchauffement climatique. A la seule condition qu’ils soient arrosés ! Cependant, l’arrosage est une activité complexe, qui demande du dimensionnement, des choix de produits et impose de respecter des règles techniques précises et éprouvées. Alors autant faire confiance aux professionnels de l’arrosage.